• Cela fait longtemps que je me pose cette question.

    Enfant, j'ai toujours eu de bonnes relations avec mes institutrices (jamais d'instituteur...). Arrivée au collège, ce fut une autre histoire. J'avais surnommé une de mes profs de français "La morue". Je la détestais car son passe-temps favori consistait à humilier les élèves. Bien sûr, elle avait aussi ses "chouchous". Une autre, prof d'anglais, a fini par me provoquer des crises de hoquet à chaque fois que j'allais dans sa classe.

    J'en parlais aujourd'hui à ma mère, qui me disait n'avoir eu aucun soucis en primaire, mais qu'à partir du collège, elle a trouvé que les adultes parlaient très mal aux élèves, leur manquant souvent de respect. Elle s'indigne alors, me disant qu'on ne peut exiger le respect quand on ne l'applique pas à soi-même.

    Aujourd'hui donc, c'est à un salon littéraire que j'ai rencontré un scénariste-dessinateur de BD, Augustin. Dans ses BD, "Chienne de vie" (pour adultes, les BD...), il parle de sa vie, de son vécu, sous un trait humoristique. Son personnage lui ressemble d'ailleurs étrangement! Sur l'une des planches, nous sommes tombées sur des caricatures d'enseignants, représentés comme des monstres, tortionnaires, sadiques, qui voient les élèves comme des monstres qui n'ont qu'une idée: leur nuire. Quand je lui ai dit que j'étais instit, cela l'a un peu refroidit... Qu'a-t-il bien pu vivre avec ses enseignants pour avoir autant de ressenti?

    L'an passé, lors d'une discussion avec le psychologue scolaire, il me disait voir beaucoup d'enseignants détruire certains enfants. Mais comment? Par manque de bienveillance. Je lui répondais que j'avais plutôt l'impression que les enseignants étaient très soucieux de bien faire pour leurs élèves.

    D'où cela vient-il? Certains enseignants sont-ils si malveillants? Sont-ils simplement si épuisés qu'ils manquent de discernement? Sont-ils juste incapables de révéler le potentiel de leur élèves, ne sachant s'adapter à des enfants moins scolaires?

    Dans ma pratique, j'essaie d'avoir toujours à l'esprit cela. Mais je suis humaine, et parfois, il y a des enfants (peu nombreux) avec lesquels le feeling ne passe pas du tout. Est-ce ma faute? Est-ce inévitable? Et que faire quand on sait que cet enfant, on va l'avoir dans sa classe plusieurs années? Certes, on peut ne pas l'humilier. Certes, on le traitera à égalité avec les autres: mêmes règles, même attention... Mais c'est plus fort que nous, ce que l'on ressent. Difficile de le cacher.

    Et vous, que faites-vous, quand le feeling ne passe pas avec l'un de vos élèves?


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